
La sécheresse vaginale est un sujet que peu de personnes se sentent à l’aise d’aborder. Il s’agit d’un enjeu intime, profondément personnel et souvent difficile à nommer. Pourtant, cette condition est très répandue : plus de la moitié des femmes ménopausées en font l’expérience.
Avec la diminution progressive des niveaux d’œstrogènes, les tissus vaginaux peuvent devenir plus fins, plus secs et plus fragiles. Ce changement bien réel peut entraîner de l’inconfort au quotidien, que ce soit lors d’activités physiques ou durant les relations sexuelles.
Malgré sa fréquence, environ 70 % des femmes qui présentent des symptômes du syndrome génito-urinaire de la ménopause (SGM)—dont la sécheresse vaginale fait partie—n’en parlent pas avec un·e professionnel·le de la santé. Plusieurs ressentent de la gêne, alors que d’autres croient, à tort, que ces changements corporels sont une conséquence normale et inévitable du vieillissement.
Pourtant, il existe des moyens efficaces, sécuritaires et fondés sur des données probantes pour soulager ces symptômes. Ce guide vise à vous informer sur les causes possibles de la sécheresse vaginale et sur les différentes options pour y remédier, allant des stratégies à domicile jusqu’aux traitements médicaux.
Comprendre le syndrome génito-urinaire de la ménopause (SGM)
La sécheresse vaginale est souvent l’un des premiers signes d’un état autrefois nommé « atrophie vaginale », aujourd’hui désigné sous le terme syndrome génito-urinaire de la ménopause (SGM). Cette nouvelle appellation regroupe l’ensemble des symptômes liés à la fois à la sphère vaginale et au système urinaire, tous deux influencés par la baisse des œstrogènes à la ménopause. Selon certaines études, jusqu’à 84 % des femmes vivant avec le SGM signalent une sécheresse vaginale.
L’œstrogène est une hormone clé qui contribue à maintenir l’épaisseur, l’élasticité et l’hydratation des tissus vaginaux. Sa diminution peut entraîner plusieurs changements physiologiques, notamment :
- un amincissement de la muqueuse vaginale (la couche interne du vagin) ;
- une réduction de la lubrification naturelle ;
- un rétrécissement ou un raccourcissement du canal vaginal ;
- des modifications de l’équilibre du microbiome vaginal.
Ces transformations rendent la région plus vulnérable à l’irritation, à l’inflammation et à la douleur, ce qui peut avoir un impact important sur la qualité de vie.
Quels sont les symptômes du SGM?
Symptômes vaginaux :
- Sécheresse persistante
- Douleurs pendant les relations sexuelles (dyspareunie)
- Petits saignements ou taches après les rapports
- Sensation de brûlure ou de démangeaisons au niveau du vagin ou de la vulve
- Pertes vaginales inhabituelles (souvent jaunâtres)
Symptômes urinaires :
- Infections urinaires fréquentes (IVU)
- Besoin urgent ou fréquent d’uriner, parfois avec douleur (dysurie)
- Fuites urinaires (incontinence)
- Sensation de brûlure à la miction
- Présence de sang dans les urines (hématurie)
Le SGM apparaît généralement à la périménopause ou à la ménopause, mais peut aussi toucher d’autres femmes, notamment celles ayant subi une ablation des ovaires, reçu des traitements contre le cancer ou qui allaitent. Certains médicaments à effet anti-œstrogénique, certaines contraceptions hormonales ou le tabagisme peuvent également jouer un rôle.
Il est important de rappeler que la sécheresse vaginale ne se limite pas aux relations sexuelles : elle peut aussi causer de l’inconfort au quotidien, en marchant, en s’asseyant ou en pratiquant des activités physiques. Non traitée, elle peut entraîner de l’évitement sexuel, de la détresse psychologique, un sentiment d’isolement et une diminution de l’estime de soi. Heureusement, des solutions existent.
Options de traitement fondées sur des données probantes
Il n’existe pas une seule approche universelle. Le choix du traitement dépend de vos préférences, de votre état de santé général et de l’intensité des symptômes.
Approches non hormonales
Souvent recommandés comme première ligne d’intervention, les hydratants et lubrifiants vaginaux sont en vente libre et facilement accessibles.
- Hydratants vaginaux : s’utilisent régulièrement (en général 2 à 3 fois par semaine) pour rétablir l’hydratation de la muqueuse. Choisissez des produits sans parfum, formulés pour un usage vaginal et au pH équilibré. Certains hydratants à base d’acide hyaluronique ont montré une efficacité comparable à de faibles doses d’œstrogènes dans certaines études.
- Lubrifiants vaginaux : apportent un soulagement immédiat durant les rapports sexuels. Les formules à base d’eau, sans parfum ni additifs, sont généralement les mieux tolérées.
Changements du mode de vie et soins à domicile
- Alimentation et hydratation : une alimentation riche en oméga-3 (saumon, graines de lin, noix), en antioxydants (fruits rouges, légumes verts, chocolat noir) et une bonne hydratation soutiennent la santé des muqueuses.
- Exercices du plancher pelvien (Kegel) : renforcent les muscles autour du vagin, favorisent le soutien pelvien, améliorent la fonction sexuelle et aident à prévenir certaines formes d’incontinence. Il est préférable d’en discuter avec un·e professionnel·le de la santé avant de débuter.
- Hygiène douce et vêtements adaptés : évitez les savons parfumés, les douches vaginales et les vêtements serrés. Nettoyez doucement la vulve à l’eau tiède avec un savon doux, non parfumé. Privilégiez les sous-vêtements en coton, un tissu naturel et respirant.
- Dilatateurs vaginaux : peuvent aider à détendre graduellement le canal vaginal, favoriser le confort pendant les rapports sexuels et maintenir l’élasticité vaginale.
- Compléments naturels : certaines femmes trouvent un soulagement avec les isoflavones de soya ou les graines de lin. Bien que les données scientifiques soient partagées, ces produits peuvent constituer une option complémentaire intéressante pour certaines.
Traitements hormonaux
Lorsque les symptômes persistent ou nuisent à la qualité de vie, différents produits vaginaux à faible dose d’œstrogènes, approuvés par Santé Canada, peuvent être envisagés (gels, comprimés ou capsules vaginales, anneaux). Une ordonnance est requise, car une évaluation médicale est nécessaire pour déterminer les avantages et les risques potentiels dans votre cas.
Si les soins à domicile ne suffisent pas ou si vous remarquez des symptômes inhabituels (saignements, pertes anormales, douleurs persistantes), consultez un·e professionnel·le de la santé pour une évaluation complète.
Vous n’êtes pas seule. Et vous n’avez pas à souffrir en silence.
Les symptômes physiques peuvent aussi avoir des répercussions émotionnelles, relationnelles et identitaires. En parler avec des professionnel·les de confiance peut diminuer le stress, favoriser une meilleure compréhension et ouvrir la porte à des solutions concrètes.
Reconnaître que ces symptômes sont de véritables enjeux de santé, et non simplement une conséquence inévitable du vieillissement, constitue une première étape importante et encourageante vers une prise en charge proactive de votre bien-être.
Employer les bons mots — comme « vagin » et « vulve » — permet de briser les tabous encore trop présents dans notre société. Il est normal de ressentir une certaine gêne, mais ici, les conversations franches, respectueuses et ouvertes sont non seulement bienvenues, mais valorisées.
Si la sécheresse vaginale a un impact sur votre confort, votre qualité de vie, vos relations ou votre santé sexuelle, sachez qu’un soutien existe, et que des solutions sont à votre portée. L’expérience de la ménopause est unique à chaque femme, tout comme le parcours de soins qui lui convient.
Avertissement : Les informations fournies ici sont fournies uniquement à à titre informatif uniquement. Elles ne constituent pas un avis médical. Consultez toujours votre médecin ou votre prestataire de soins de santé pour déterminer ce qui convient le mieux à vos besoins de santé individuels.
Réferences:
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